ODC Actus : Les frais de siège des Groupes cachent souvent des marges nettes

Par Olivier DARMON – Publié le 21 février 2025 – Photo d’illustration – Crédit : Vince034
Les frais de siège des Groupes cachent souvent des marges nettes
Lorsque KEOLIS, TRANSDEV, ou RATP Dev répondent aux appels d’offres que nous organisons pour le compte de nos clients, le thème des frais de siège et des frais de région pose toujours questions et est très débattu en séances de négociations.
En effet, les Groupes appliquent un pourcentage du chiffre d’affaires du Contrat et certains d’entre eux estiment qu’ils n’ont pas à justifier de l’utilisation réelle de ces sommes pour le réseau considéré au cours du Contrat.
Ne pouvant accepter une telle manœuvre nous exigeons toujours, dans nos appels d’offres, une décomposition des sommes inscrites au titre des frais de siège, de manière à pouvoir les discuter lors des négociations puis les vérifier lors de l’exécution des contrats.
La réponse à notre tableau est obligatoire faute de quoi l’offre ne peut qu’être irrégulière et immédiatement rejetée sans être analysée.
Nos travaux d’analyse des offres, puis de suivi des contrats, nous démontrent fréquemment que les montants inscrits sur cette ligne budgétaire ne constituent, en réalité, qu’un accroissement de marge.
Citons quelques cas.
Le premier exemple concerne les outils métier développés par chaque Groupe.
Chacun met en effet à la disposition de ses filiales un progiciel intégré permettant de gérer toute la chaine de production, depuis la confection des graphicages, habillages et roulement jusqu’à l’édition du bulletin de salaire de chaque conducteur.
Le travail des services administratifs des opérateurs en est grandement facilité et ne nécessite, pour un réseau de cent conducteurs, que quelques heures de travail par mois.
Or, hormis dans les grands réseaux, les paies sont désormais mutualisées au sein des directions territoriales ou régionales des groupes, lesquelles facturent, à chaque filiale gérée, non pas quelques heures mais plusieurs jours de travail par mois.
Nous proposons que chaque A.O.M. calcule le prix de revient d’un bulletin de paie des conducteurs de son réseau de manière à ce que chacun constate qu’une externalisation de cette mission à n’importe quel cabinet comptable permettrait d’en diviser le coût par 3 à 4.
A l’échelle d’un grand Groupe, plusieurs millions d’euros de marge nette sont ainsi dégagés.
Le deuxième exemple concerne les études réalisées par le siège ou les directions régionales pour le compte des autorités organisatrices.
Ainsi, en ce moment, de nombreux élus demandent des réflexions sur les avantages, inconvénients, risques et opportunités du passage à la gratuité complète de leurs réseaux urbains.
Le coût de chaque étude est calculé en prenant l’hypothèse qu’elles sont, chacune, produites à partir d’une page blanche.
Or, quand nous lisons les études de gratuité effectuées par un même Groupe pour plusieurs A.O.M., nous constatons qu’elles se recopient toutes les unes les autres et que les méthodes de calcul du coût de la gratuité sont identiques.
Pire, nous avons même lu une étude qui, en réalité, était un copier / coller de celle publiée par le G.A.R.T. sur son site Internet alors qu’elle était vendue comme une réflexion originale.
Les études sur la transition énergétique d’un parc d’autobus suivent d’ailleurs le même principe.
Une nouvelle fois, au vu du nombre d’études réalisées, plusieurs millions d’euros de marge sont dégagés.
Le troisième exemple concerne les coûts d’assistance juridique facturés par le siège à ses filiales.
Sont en effet incluses, dans les frais de siège annuels, des journées de travail d’experts en droit social « pour le cas où » un contentieux prudhommal surviendrait dans l’entreprise.
Sont également budgétés des coûts de fiscalistes « pour le cas où » un contrôle fiscal surviendrait.
Sont encore intégrées des interventions de juristes en droit commercial « pour le cas où » un contentieux surviendrait avec un fournisseur.
Bien entendu lorsque, pour une année donnée, aucun de ces contentieux ne survient, le groupe ne rembourse jamais à l’A.O.M. les sommes ainsi prélevées, qui se transforment donc en marges.
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