ODC Actus : Le B.E.A. pointe d’importants dysfonctionnements dans les tours de contrôle des aéroports français
Par Olivier DARMON – Publié le 26 janvier 2024 – Crédit Photo : Pascal KUFFER
Le B.E.A. pointe d’importants dysfonctionnements dans les tours de contrôle des aéroports français
Un presqu’accident survenu fin 2022 à Bordeaux-Mérignac met en lumière un absentéisme incontrôlé dans les tours de contrôle.
Le 31 décembre 2022, alors que l’activité était intense sur l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, un Airbus A320 d’Easy Jet en provenance de Londres a été autorisé à atterrir alors que, sur la même piste et dans le même temps, un petit avion de tourisme de l’aéroclub local était autorisé à décoller.
L’Airbus, qui avait 179 personnes à bord, est passé 30 mètres au-dessus de l’avion de tourisme.
Le B.E.A. vient de rendre son rapport sur cet incident.
Il démontre que, à cet instant, six contrôleurs devaient, au vu du trafic attendu, travailler dans la tour cette journée-là (80 mouvements prévus).
Or, seuls trois d’entre eux ont pris leur poste et ils géraient, en même temps, les roulages sur piste, atterrissages, décollages et survols.
Il revient à chaque responsable d’une tour de contrôle de planifier les roulements des contrôleurs de manière à ce qu’il y ait toujours en poste le nombre minimum exigé par la loi.
Or, le B.E.A. démontre que ce nombre minimum est rarement respecté, sans même que la hiérarchie n’en soit informée.
D’ailleurs, il n’existe aucun outil de suivi de la présence réelle des contrôleurs à leur poste, et donc aucune mesure à l’encontre de ceux qui ne viennent pas travailler, même s’ils ne présentent aucun justificatif de leur absence (arrêt maladie ou autre).
Ce laxisme avait déjà été repéré par la Cour des comptes en 2002, puis en 2010, puis encore en 2021.
En 2014, l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne pointait le même dysfonctionnement.
Le B.E.A. avait également enquêté, en 2013, sur un incident du même type survenu à Lyon-St Exupéry.
Cette problématique est connue de toute la hiérarchie de la D.G.A.C., qui n’a jamais souhaité s’en saisir pour préserver la paix sociale dans les tours de contrôle.
Le B.E.A. indique que les contrôleurs doivent, en théorie, effectuer 984 heures de travail par an « aux manettes » mais que, en réalité, il n’en produise que 520 à 600.
Une tentative de remise en ordre de cette gestion du personnel avait été tentée en 2003 mais, compte tenu des mouvements sociaux qui sont survenus, elle avait été rapidement abandonnée.
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