Le résultat de ces appels d’offres est étonnant en ce qu’il semble obéir à une commande politique globale à l’échelle du périmètre historique de la RATP plutôt qu’à des analyses techniques et financières circonstanciées qui, comme le prévoit le code la commande publique, ne peuvent qu’être mises en œuvre séparément, lot par lot.
Imaginons que, en haut lieu, les consignes suivantes aient été transmises aux services d’I.D.F.M. :
👉 les objectifs de paix sociale sont, de loin, les plus importants et il est exclu de générer un big bang sur le périmètre historique de la RATP que les élus de la Région capitale ne seraient pas capables de gérer (le traumatisme des quatre mois de grève chez LACROIX-SAVAC dans le réseau urbain de Conflans-Sainte-Honorine et Cergy-Pontoise est encore dans tous les esprits).
👉 l’opérateur historique doit conserver au moins les 2/3 de son activité bus faute de quoi la viabilité de la RATP risque d’être mise en jeu (n’oublions pas que les appels d’offres du réseau ferré suivront dans quelques années) ;
👉 il est nécessaire que KEOLIS et TRANSDEV gagnent quelques lots de manière à ce qu’ils s’implantent au centre la région capitale, qu’ils ne soient pas découragés par ces mises en concurrence et qu’ils poursuivent leurs candidatures dans le cadre des appels d’offres à venir (routiers et ferroviaires) ;
👉 des marges et frais de siège très confortables doivent être garantis à chacun : les prix de la RATP sont déjà tellement élevés qu’il suffit de les réduire légèrement pour que les nouveaux opérateurs engrangent des bénéfices très substantiels dans l’exploitation des lots qu’ils auront conquis ;
👉 ces équilibres seront garantis à tous, dès le début des consultations (confidentiellement bien sûr), de manière à ce que chacun comprenne bien qu’il n’a aucun intérêt à intenter des référés précontractuels qui auraient grippé cette mécanique ;
👉 il est quand même souhaitable de faire entrer sur le territoire un opérateur d’origine étrangère de manière à bien faire comprendre à nos trois groupes nationaux qu’il est parfaitement possible d’aller chercher ailleurs des compétences et des nouvelles méthodes de travail s’ils ne parvenaient pas à assurer les fondamentaux de la production (taux de réalisation des courses, régularité de la fréquence de passage des véhicules, …).
Ces objectifs étant posés et partagés par tous, il était nécessaire :
- de ne pas pondérer fortement le critère prix de choix des offres, pour exclure tout choix automatique du moins-disant ;
- d’intégrer, dans le règlement de la consultation, des critères techniques et sociaux rédigés de manière très large, de manière à laisser aux élus toute latitude pour choisir non pas les offres les plus pertinentes, mais celles qui permettent, lot après lot, de satisfaire aux objectifs politiques ci-dessus décrits.