ODC Actus : Quand KEOLIS réinvente la réalité de son année 2024

Par Olivier DARMON – Publié le 14 mars 2025 – Crédit Photo : Semvatac
Quand KEOLIS réinvente la réalité de son année 2024
La conférence de presse proposée en début de semaine par la Présidente de KEOLIS à l’occasion de la présentation des résultats financiers du groupe avait quelque chose de lunaire, qui s’apparente au déni de réalité.
La Présidente s’est félicitée des résultats de son Groupe au cours de l’année passée, en expliquant qu’ils « témoignent de la reconnaissance par nos clients du professionnalisme de nos équipes ».
Rappelons ci-dessous quelques réalités que la Présidente semble avoir oubliées.
En premier lieu, précisons quand même que KEOLIS a perdu, en 2024, la plus grande partie de l’un de ses réseaux majeurs, puisqu’elle n’exploite plus que les autobus et trolleybus du réseau T.C.L. de Lyon, (les modes lourds ont été confiés à RATP Dev et les études, le développement, et la totalité de la relation usagers ont été confiés à une S.P.L. spécifiquement créée pour l’occasion).
KEOLIS, et son prédécesseur Via-GTI, exploitaient l’entièreté du réseau depuis 44 années.
Rappelons également que KEOLIS a perdu, en 2024, les réseaux de
Narbonne (au profit de RATP Dev)
Chambéry (au profit de TRANSDEV)
Saintes (au profit de RATP Dev)
Caen (au profit de RATP Dev)
Honfleur (au profit de TRANSDEV)
Il est vrai que KEOLIS a remporté un autre contrat majeur, à savoir celui de Lille, et ce pour une raison bien précise : il était seul en lice…
En deuxième lieu, Madame DEBON a expliqué à toute la presse qu’elle était désormais très sélective dans le choix des appels d’offres auxquels KEOLIS répond, en privilégiant « la maîtrise du risque d’exploitation ».
Elle confirme donc parfaitement l’analyse que nous avions rédigée dans notre article du 7 février 2025 stipulant que le premier critère, pour un opérateur de transport, dans le choix des appels d’offres auquel il soumissionne est la certitude d’engranger, sans aucun risque et sans trop de travail, une marge confortable et pérenne.
En troisième lieu, la Présidente affirme que KEOLIS est en capacité de remporter des appels d’offres, avec une offre financière plus élevée que la concurrence :
« Sur certains appels d’offres parfois, nous parvenons à gagner en étant plus chers, et cela nous satisfaits car, dans ces cas, les A.O.M. privilégient des offres à la fois équilibrées financièrement et de qualité. »
Nous pourrions également préciser qu’à Chambéry, TRANSDEV a été mieux noté que KEOLIS sur la totalité des critères techniques de choix des offres et que, au total, la filiale de la Caisse des Dépôts avait près de 10 points d’avance sur 100 sur KEOLIS.
Le positionnement commercial de KEOLIS est donc clair : il tente de se faire passer pour un opérateur « premium », qui vend « légèrement » plus cher, mais offre en contrepartie une qualité de service très au-dessus de celle des autres.
Le problème c’est que, une fois le contrat remporté, le travail de gestion et d’exploitation opérationnelles du réseau par les équipes locales de KEOLIS n’est pas meilleur que celui des autres, très loin s’en faut.
Ainsi par exemple, la Chambre régionale des comptes a dénombré plus de 157.000 pénalités infligées à KEOLIS de la part de la Métropole Européenne de Lille entre 2018 et 2022, pour un montant de 18,9 M€, en raison d’un non-respect de nombreux engagements contractuels (voir ce rapport, en page 23).
Nous recommandons la lecture de ce rapport à toutes les A.O.M. en partenariat avec la filiale de la SNCF.
Elles ne pourront plus contester le savoir-faire de KEOLIS pour se vendre, mais prendront du recul sur la capacité réelle des équipes locales à honorer, sur le terrain, une production de services conforme au contrat signé.
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